Aujourd’hui, je vous présente 10 conseils pour gagner en autorité en classe et être plus sûr de vous.
Certains enseignants donnent le sentiment d’avoir une « autorité naturelle », bien qu’ils l’aient en réalité travaillée. Leur posture professionnelle dans la classe impose une ambiance propice au travail. Ils n’ont pas besoin de crier. Ils sont posés, calmes et sereins face à l’énergie débordante qui leur fait face. N’ayez pas de complexes, vous aussi vous pouvez y arriver !
Lors de mon passage à l’ESPE, j’ai senti que cette question de l’autorité occupait une place importante et constituait un objectif professionnel primordial. Nous, les stagiaires, avions même fini par intégrer que nos séquences ne pouvaient pas être parfaites dès la première année. Ce qui compterait à la fin, ce qui déciderait de notre titularisation, serait notre aptitude à asseoir notre autorité pour « tenir la classe », perçue comme une cocotte-minute prête à exploser à chaque instant et dont il faut maintenir le couvercle en appuyant fermement avec les deux mains tout en faisant cours, sans rien laisser paraître de nos doutes, de nos angoisses et de nos fatigues. Être pro avant tout.
1. Accueillez vos élèves en classe
Ne négligez pas le moment de l’entrée en classe. C’est un moment important car il marque symboliquement un changement de statut : en passant la porte, l’adolescent s’installe dans son rôle d’élève, il passe de l’amusement au travail.
Exigez que vos élèves se rangent et se taisent. Placez-vous à côté du seuil de la salle et faites-les entrer en silence. Saluez vos élèves au fur et à mesure qu’ils entrent. Établissez ainsi un premier contact personnel. Ne vous laissez pas distraire pendant ce moment, ni par des collègues, ni par des élèves. Si quelqu’un veut vous parler, faites-le attendre et finissez d’abord d’accueillir la classe. Si des élèves se mettent à parler une fois qu’ils sont dans la salle. Interrompez tout et faites ressortir tout le monde afin de recommencer. Exigez enfin que les élèves attendent votre autorisation avant de s’asseoir.
2. Rappelez les règles de vie en classe
Vous êtes le garant des règles qui régissent la vie en classe. A vous donc de les rappeler régulièrement et de les faire appliquer.
Pour les élèves, un bon enseignant est avant tout un enseignant juste, qui traite tous les élèves sur un pied d’égalité et qui suit des règles claires. En début d’année, expliquez à vos élèves ce que vous attendez d’eux tant sur le plan du comportement que sur celui du travail. Pour cela, appuyez-vous sur le règlement intérieur de l’établissement et posez-vous les bonnes questions en amont.
Quelles sont vos limites ? Comment voulez-vous que se déroule l’entrée en classe ? A quel moment voulez-vous être averti d’un oubli de matériel ? Autorisez-vous certains déplacements dans la salle (pour aller tailler un crayon ou consulter un dictionnaire par exemple) ? Quel travail personnel attendez-vous ? Comment voulez-vous que se déroule la fin du cours et la sortie de classe ?
Pendant les premières semaines de l’année, répétez souvent ces règles aux élèves afin de poser un cadre de manière explicite.
3. Ritualisez les premières minutes de l’entrée en classe
Les premières minutes d’un cours sont un moment délicat où peut rapidement s’installer un brouhaha gênant car vous êtes occupé à faire l’appel et à régler de menus détails, notamment informatiques. Pour l’éviter, il faut proposer aux élèves une mise au travail rapide.
Mettez-donc en place une activité rituelle d’environ 5 minutes. Le but est que les élèves sachent exactement ce qu’ils ont à faire dès leur arrivée dans la salle. La mise au travail doit être autonome et immédiate.
Vous pouvez par exemple utiliser ce moment pour travailler la grammaire en proposant aux élèves d’analyser les natures et les fonctions d’une phrase. Écrivez la phrase au tableau avant de faire entrer les élèves ou avant de les autoriser à s’asseoir. Si vous avez la chance d’avoir un tableau muni d’un volet latéral, demandez à un élève de faire son analyse au tableau sur la partie cachée à la classe. Vous gagnerez ainsi du temps pour la correction qui devra, elle aussi, être rapide.
Pendant que les élèves travaillent, installez-vous et faites l’appel. Puis corrigez la phrase du jour.
Vous pouvez aussi consacrer ces cinq premières minutes à la révision du cours précédent. Demandez aux élèves d’inscrire sur une feuille, intitulée « questions de cours » et placée dans le classeur au début de la séquence, trois questions qui portent sur le cours précédent. Lorsque vous êtes prêt à débuter le cours, demandez aux élèves de se poser des questions les uns aux autres. Cela leur permet de revoir le cours et de chercher ce qui est important dans celui-ci. En outre, cela vous permet de voir ce qui a été compris ou non lors de votre dernier cours et de pouvoir reprendre certains points. Enfin, cette feuille de questions réalisées par l’élève peut devenir un outil de révisions avant les évaluations. L’élève disposera de questions auxquelles il devra répondre pour savoir s’il connaît son cours.
4. Attendez la fin du cours pour régler les conflits
Lorsque vous sentez que la situation risque de vous échapper, notamment face à un élève particulièrement provocateur, n’entrez pas dans le conflit et ne cédez pas à la tentation de la surenchère. Vous n’avez rien à y gagner. Ne donnez pas aux élèves l’impression qu’ils mènent la danse et peuvent vous entraîner sur leur terrain.
Au contraire, gardez votre calme. Fermement, dites à l’élève que vous le verrez en fin d’heure. Privé de son public, il aura moins peur de perdre la face et sera moins tenté de vous provoquer.
5. Construisez votre plan de classe
Lorsqu’une classe est trop agitée, ou bavarde, il peut être intéressant de mettre en place un plan de classe afin d’en récupérer la maîtrise.
Le plus simple est de placer les élèves dans l’ordre alphabétique. Attention toutefois, la liste fait parfois mal les choses. N’hésitez donc pas à faire des exceptions et autorisez-vous à déplacer quelques élèves.
Si vous travaillez en îlots, ne perdez pas de vue qu’on travaille mieux en groupe avec des gens qu’on apprécie. Vous en avez d’ailleurs certainement fait vous-même l’expérience dans votre vie professionnelle ou pendant vos études. Ainsi, vous pouvez utiliser un sociogramme. Demandez à vos élèves d’indiquer sur un papier les noms de deux élèves avec lesquels ils ne veulent surtout pas travailler. Tenez-en rigoureusement compte lors de la constitution des groupes.
6. Ne criez pas en classe et utilisez la communication non verbale
Votre voix est votre instrument de travail. Vous devez à tout prix apprendre à la préserver pour éviter d’endommager vos cordes vocales. Par ailleurs, il est inutile de crier en classe. En faisant cela, vous envoyez un mauvais signal à vos élèves. Vous donnez l’impression d’être colérique voire tyrannique et de ne pas contrôler la situation.
Bien souvent, il est même inutile de parler pour faire passer votre désapprobation. Utilisez plutôt votre corps et les expressions du visage.
Un regard insistant porté sur un élève suffira dans la plupart des cas à lui faire comprendre qu’il doit cesser de s’amuser ou de déranger le cours.
Si la classe se disperse, vous pouvez aussi recentrer l’attention sur vous en tapant dans vos mains ou sur le bureau avec un feutre.
N’hésitez pas non plus à vous déplacer et à vous positionner juste derrière les élèves perturbateurs.
7. Occupez l’espace de la classe
Il est d’ailleurs important de montrer aux élèves que vous êtes bien présents dans la salle. Déplacez-vous fréquemment et évitez de vous asseoir. Si vous avez tendance à vous cacher derrière votre bureau, déplacez-le et mettez-le sur le côté. Lorsque vous envoyez un élève au tableau, vous pouvez même prendre sa place et lui noter le cours.
Soignez votre posture, évitez de vous asseoir sur le coin du bureau. Tenez-vous bien droit, les pieds bien ancrés dans le sol, et ne mettez pas vos mains dans les poches. Ne montrez aucun relâchement et faites sentir aux élèves que vous êtes attentifs à ce qui se passe dans la classe.
De même, détachez-vous de votre cours et faites-vous confiance. Ne gardez pas votre feuille à la main pour éviter d’être toujours plongé dedans. Votre attention ne doit pas être happée par votre feuille de cours car votre regard doit en permanence balayer la classe en formant un W.
Dites-vous que votre cours n’a pas à suivre scrupuleusement votre préparation et qu’il ne sert à rien d’être exhaustif car les élèves ne retiendront jamais l’intégralité de ce que vous avez enseigné. Votre enseignement sera plus fort si vous suivez la classe plus que votre feuille.
8. Utilisez le système des trois croix
Certains enseignants s’appuient sur le système des trois croix pour gérer leur classe. Le principe est simple. Chaque fois qu’un élève perturbe le cours, oublie son matériel ou ne fait pas le travail demandé, vous lui mettez une croix. Au bout de trois, il a une punition ou une heure de colle, selon ce que vous avez décidé à l’avance. Il est important de dire aux élèves ce qui les attend et de tous les traiter de la même manière pour rester juste à leurs yeux.
Ce système peut être efficace mais il demande une grande rigueur et de l’organisation. Si votre établissement utilise le logiciel Pronote, vous pouvez simplifiez votre tâche en utilisant les colonnes correspondantes qui sont disponibles sur la feuille d’appel.
A chaque fin de trimestre, remettez les compteurs à zéro.
9. Préparez les punitions à l’avance
Lorsqu’un problème survient en classe, il faut être capable de décider d’une punition rapidement. Préparez donc vos punitions à l’avance. Vous vous sentirez ainsi plus confiant et ne montrerez aucune hésitation au moment d’informer l’élève du travail qu’il devra accomplir. En plus, cela vous évitera de perdre du temps.
Si vous n’utilisez que les textes des manuels et créez vos propres activités. Vous pouvez simplement demander aux élèves punis de traiter les questions du manuel qui se rapportent au texte que vous avez étudié en classe.
10. Faites toujours ce que vous avez annoncé
Je vous l’ai dit précédemment, le plus important est d’être juste. Vous éviterez ainsi de longues discussions conflictuelles et n’aurez pas à vous justifier.
Veillez donc à fixer des règles claires et à toujours les appliquer, quelle que soit votre humeur du moment.
Mon expérience personnelle : faire autorité au lieu d’être autoritaire
Pour ma part, je ne suis pas de nature autoritaire. Lorsque je fais cours, je m’emporte, habité et enthousiasmé par ce que je raconte. Sans m’en rendre compte sur l’instant, j’attise l’énergie déjà débordante de mes élèves. Je crée une synergie qui m’échappe. En outre, j’aime peu l’autorité à laquelle je préfère de loin la responsabilité et la liberté.
D’ailleurs, une dichotomie du système éducatif m’a rapidement interpellé : peut-on vraiment former des citoyens libres et responsables dans un cadre qui offre un modèle autoritaire ?
Très vite, je me suis aperçu que je n’aurais jamais l’autorité tant convoitée mais que je pouvais néanmoins « faire autorité ». Imposer mon style, jouer avec mon image en acceptant d’être le gentil plutôt que celui qui fait peur, gagner le respect par la qualité du travail que je proposais.
Au cours de mon année de stage, j’ai longuement réfléchi à cette question cruciale de l’autorité. J’en suis arrivé à la conclusion que ce qui me sauverait, ce serait de détruire le cadre traditionnel du cours et d’anéantir la figure du magister.
Il fallait que je trouve une place qui me ressemble pour cesser d’être le malhabile albatros que les élèves ont envie de titiller.
Revoir la disposition de ma salle : mettre le bureau dans un coin pour être au milieu des élèves et disposer les tables en îlots pour ne plus être le centre de la classe.
Préparer des activités qui me permettaient de parler moins, de m’effacer derrière la tâche. Il ne fallait pas disparaître pour autant, sous peine d’un chahut assuré. Au contraire, il fallait être là, occuper le terrain en naviguant d’îlots en îlots. Devenir le guide, celui qu’on appelle lorsqu’on est perdu, celui qui soutient et encourage l’effort.
Cela a fini par payer. J’ai construit mon image professionnelle. J’ai « tenu » la classe le jour J, tant bien que mal. Ce n’était pas parfait, mais cela aurait pu être pire. J’étais sur les bons rails, les miens.
Je n’ai pas cherché à imposer une autorité que je n’avais pas mais je l’ai gagné. Je l’ai obtenu des élèves par mon travail acharné et ma bienveillance à leur égard.
Ne cherchez pas à être autoritaire, composez avec ce que vous êtes, soyez une autorité.
Mathieu
Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.