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Très tôt dans l’année, l’enseignant voit les copies des élèves envahir son bureau. La correction des évaluations est sans doute, avec la préparation des cours, la tâche la plus chronophage pour le professeur de français. Si on ne veut pas être vite débordé, il faut impérativement s’organiser pour répartir sa charge de travail. Malgré cela, il arrive qu’on se sente écrasé par l’ampleur de la tâche. On a beau s’y mettre avec la meilleure volonté, au bout de quelques rédactions, la lassitude pointe le bout de son nez, les mots deviennent flous et notre esprit divague… On se dit qu’on ne viendra jamais au bout de ces corrections car un tas de copies succède à un autre. Le calvaire dure toute l’année… Pourtant, vous pouvez alléger votre travail de correction en combinant différentes méthodes. Vous corrigerez plus vite vos copies et vous gagnerez du temps.

1. Évaluez moins souvent

Avec la réforme de 2016 et la mise en place du « socle commun de connaissances, de compétences et de culture », une large réflexion sur l’évaluation par compétences s’est enclenchée au sein des équipes pédagogiques. Dans de nombreux établissements et sur les forums des enseignants, ce sujet est même devenu la principale problématique éducative. On se trompe pourtant, tout l’intérêt des compétences n’est pas dans l’évaluation mais dans la manière de travailler en classe.

L’enseignant consciencieux se voit face à une multitude d’items à renseigner. Naturellement, il multiplie les évaluations, surtout qu’il tient aussi à mettre en œuvre des « devoirs de la deuxième chance ».

Mais est-ce vraiment utile ? Mesure-t-on réellement des progrès significatifs lorsque les devoirs s’enchaînent ?

On en oublierait presque que l’évaluation n’est qu’une des nombreuses missions de l’enseignant. En effet, avant d’être évalué, l’élève doit être formé et pouvoir s’entraîner.

Ainsi, réduisez le nombre de devoirs. Une grande évaluation sommative par chapitre suffit. Elle peut prendre la forme d’un travail de lecture ou d’expression écrite. Vous pouvez ajouter ensuite une évaluation de la maîtrise de la langue, une dictée par exemple, un test des connaissances et une note d’exposés… Bref, ne faites pas passer le DNB à vos élèves tous les quinze jours ! Laissez-les respirer, donnez-leur le temps d’apprendre et de s’approprier les connaissances ou compétences.

2. Ne relevez pas toutes les copies

Qui a dit que vous deviez systématiquement ramasser et corriger toutes les copies ?

Plutôt que d’accorder « une deuxième chance » aux élèves, vous pouvez mettre en place des activités ritualisées. Par exemple, à l’issue des ateliers d’écriture, je ne relève que cinq copies. J’étale ainsi mes corrections dans le temps et à la fin du trimestre tous les élèves ont une note. Je relève d’abord celles des volontaires puis les autres.

Vous pouvez également fonctionner ainsi pour les questionnaires de compréhension de lecture. Pourquoi ne pas organiser deux sessions ? Vous ne ramassez que la moitié des copies lors de la première. Là encore, vous sollicitez les volontaires puis vous complétez en laissant faire le hasard. Les élèves travaillent deux fois sur un même type d’exercice mais vous ne faites qu’une seule fois le travail de correction.

Attention toutefois, si vous choisissez de ne pas relever toutes les copies, prévenez vos élèves avant l’évaluation. Il faut que le contrat soit clair entre vous et eux.

Ne pas relever les autres copies, ne signifie pas que vous n’évaluez pas. Ne confondez pas noter et évaluer. Pendant que les élèves travaillent, passez dans les rangs, jetez un œil à leurs productions. Vos élèves appliquent-ils ce que vous leur avez appris ? Repérez-vous une erreur récurrente ? Et voilà, vous évaluez ! Il ne vous reste plus qu’à mettre en place une remédiation.

3. Proposez des travaux de groupe

Coopérer et collaborer, c’est une des compétences du socle qui est au cœur de la réforme de 2016. Les professeurs sont invités à travailler davantage ensemble en croisant leurs enseignements dans le cadre des EPI. Les élèves, quant à eux, se voient proposer davantage de travaux réalisés en groupe.

Vous pouvez donc parfaitement évaluer le degré de coopération des élèves dans la réalisation d’une tâche collective, par exemple lors d’un atelier de négociation graphique.

Mais vous pouvez aussi noter un travail collaboratif. Si vous êtes gêné d’attribuer à un élève une note qui prend en compte le travail des autres, vous pouvez individualiser la note en mêlant dans votre barème des items collectifs et d’autres personnels. Vous pouvez aussi pondérer le poids de cette note en ne la comptant que si elle augmente la moyenne trimestrielle ou en lui octroyant un faible coefficient.

4. Réduisez vos commentaires

Attention, sujet sensible ! Je ne vais pas vous dire de ne plus commenter et annoter les copies des élèves. Le rôle de l’enseignant est bien entendu de guider l’élève dans sa progression en lui fournissant un retour sur son travail.

Cependant, on peut interroger le poids et l’efficacité des longs commentaires qu’on laisse parfois sur les copies. En effet, en tant que digital natives, les élèves sont habitués à recevoir un feedback immédiat, instantané. La lecture de notre commentaire, différée parfois d’une semaine voire plus, a peu d’impact sur certains d’entre eux. Il semble donc préférable d’organiser des séances d’entraînement qui auront une visée formative. Pendant que les élèves s’exercent, passez dans les rangs, aidez-les, observez la manière dont ils travaillent et, à ce moment-là, aidez-les à corriger leurs mauvais réflexes ou leurs erreurs méthodologiques.

Pour ce qui est de commenter la copie, c’est bien souvent inutile si vous évaluez par compétences ou que vous fournissez une grille de critères détaillés. En effet, le commentaire n’est alors qu’une reformulation de ce que vous avez indiqué dans la grille de correction.

5. Gagnez du temps grâce aux tampons

Tampons du prof de français

N’écrivez plus cent fois la même annotation, les tampons peuvent vous faire gagner du temps lorsque vous corrigez des copies.

Les copies défilent et vous avez le sentiment d’écrire cent fois la même annotation. D’ailleurs, vous aviez déjà fait cette remarque aux élèves lors de l’évaluation précédente.

« Mets des guillemets », « indique la ligne », « une phrase commence par une majuscule et se termine par un point », « saute des lignes », « fais un alinéa »…

Soulagez votre stylo et commandez des tampons !  Les miens viennent du site anglais Classroom Capers.

6. Utilisez les QCM et Plickers

Enfin, vous pouvez réaliser des tests de connaissances, rapides à corriger, en utilisant les QCM. Personnellement, j’y ai recours avec parcimonie. Il y a en effet une différence entre chercher la réponse dans sa mémoire et choisir entre quatre propositions…

Les QCM peuvent cependant révéler qu’un élève apprend correctement son cours mais a du mal à mobiliser ses connaissances lors d’une tâche complexe. Vous le verrez lorsqu’un élève que vous jugiez fragile obtient systématiquement d’excellents résultats lors des QCM.

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi utiliser l’application Plickers. Après avoir créé votre compte, vous pourrez renseigner, ou importer, la liste de vos élèves. Chacun d’entre eux se verra attribuer un numéro et un QR code associé que vous n’aurez plus qu’à imprimer. Vous créerez ensuite des QCM composés de cinq questions. En classe, les élèves voient la question et les propositions de réponse au tableau grâce au vidéo-projecteur. Ils lèvent leur QR code en le positionnant convenablement selon la réponse qu’ils veulent apporter et vous balayez la classe avec votre smartphone pour scanner et enregistrer les réponses. L’application calcule instantanément les notes des élèves et vous fournit également un rapport détaillé question par question. Par ailleurs, lorsque vous balayez la classe, vous pouvez visualiser immédiatement les élèves qui fournissent une réponse erronée.

Là encore, cette application est à utiliser avec parcimonie… S’il est séduisant de pouvoir déléguer à une machine la fastidieuse tâche de correction, l’évaluation doit rester le travail de l’enseignant. Il est le seul à pouvoir interpréter le résultat en tenant notamment compte de facteurs humains.

Mathieu

Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.