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Vous entreprenez de créer une classe coopérative dans votre collège ? Vous avez décidé d’utiliser les techniques Freinet dans le secondaire ? Voici quelques conseils et idées issus de ma propre expérience. En 2015-2016, dans le cadre de la préparation de la Réforme du collège, j’ai piloté un projet de classes coopératives qui a été soutenu par la CARDIE. Ce fut une expérience riche et un moment fort de ma carrière d’enseignant. La coopération est devenue un apprentissage recommandé par les instructions officielles et évalué dans le cadre du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, mis en place à la rentrée 2016. Il s’agit d’un objectif compris dans le domaine 2 : méthodes et outils pour apprendre. Aussi, on voit partout fleurir les projets de classes coopératives. Mais de quoi s’agit-il ?

1. Qu’est-ce qu’une classe coopérative ?

Pour les élèves

Souvent inspirées par les travaux de Freinet et de la pédagogie institutionnelle, les classes coopératives cherchent à mettre en place un cadre de travail dans lequel l’élève est encouragé à interagir avec son voisin pour coconstruire l’apprentissage. En cela, elles brisent la logique de compétition pour promouvoir l’entraide.
Par ailleurs, ces classes sont l’occasion pour les élèves d’appréhender le vivre-ensemble et les raisons qui poussent les groupes humains à se munir de règles et de lois établies collectivement et démocratiquement.

Pour l'enseignant

La posture de l’enseignant est aussi interrogée. On encourage le professeur à lâcher prise, à se faire plus discret pour responsabiliser les élèves et les faire entrer dans un processus d’apprentissage actif.

2. Quelques freins à prendre en compte

Il est difficile d’utiliser une pédagogie Freinet dans le secondaire pour plusieurs raisons:

  • les cours se déroulent parfois dans des salles différentes.
  • les autres membres de l’équipe pédagogique ne sont pas toujours réceptifs à la démarche.
  • l’emploi du temps est moins souple qu’en primaire.

On peut cependant réaliser quelques aménagements et adapter son enseignement. Ce n’est pas impossible, alors lancez-vous !

Une pédagogie est avant tout une philosophie et un état d’esprit. Pour créer une classe coopérative dans un collège, on commencera donc par s’imprégner des invariants pédagogiques. Le premier apprenant sera ainsi le professeur. Il faut se débarrasser peu à peu de nos préjugés sur l’enseignement et sur ce que doit être un enseignant, mettre en doute l’image traditionnelle du professeur et s’autoriser à explorer d’autres voies.

Attention cependant! Il ne s’agit pas de démissionner. Les élèves ont besoin d’un adulte pour les guider, les écouter et les aider à organiser la vie en classe.

La pédagogie Freinet s’appuie sur les principes suivants: la liberté, l’autonomie, la coopération et le travail.

3. 10 idées pour votre projet de classe coopérative

1

Coopérez avec vos collègues

Pour construire un projet de classe coopérative, il faut d’abord faire équipe. Concéder et accepter l’autre pour bâtir ensemble une structure, un modèle de classe. La première coopération est celle des enseignants entre eux.
Utilisez des outils numériques de coopération pour partager vos documents de travail, vos ressources glanés çà et là et vos comptes-rendus de réunions.
2

Organisez un temps d'accueil pour vos élèves

Changez les rapports professeurs-élèves. Organisez, en co-enseignement, un temps d’accueil, au moins une trentaine de minutes une ou deux fois par semaine. Profitez de ce moment pour discuter avec des élèves fragiles ou introvertis. Organisez des jeux éducatifs ou coopératifs, des concours de dessins ou de poèmes, des ateliers magie ou méditation. Proposez un temps de parole libre. Soyez créatifs ! Le but est de découvrir vos élèves sous un autre jour et qu’eux aussi aient une autre image de vous.
3

Remplacez la vie de classe par un conseil coopératif

Le conseil coopératif est un pilier de la pédagogie institutionnelle. Il remplace aisément l’heure de vie de classe et participe à l’éducation civique des élèves. C’est un excellent moyen d’apprendre à écouter l’autre. Vous en apprendrez certainement beaucoup sur vos élèves.
4

Désignez des professeurs référents à la place du professeur principal

Répartissez-vous le suivi des élèves de la classe. Chaque enseignant se concentre sur trois ou quatre élèves et fait le point régulièrement avec eux sur leur scolarité.
5

Favorisez le travail de groupe

Travailler en groupe s’apprend. Chaque élève doit trouver sa place et vous devez les y aider. Ne lâchez pas vos élèves, donnez-leur des méthodes pour organiser la coopération ou la collaboration. N’ayez pas peur du chahut, lancez-vous.
6

Travaillez par compétences

Il existe de multiples manières pour évaluer par compétences. Étudiez-les et choisissez celle qui convient le mieux à votre discipline d’une part et à vos habitudes de travail d’autre part. N’oubliez jamais que le plus important n’est pas d’évaluer par compétences mais de travailler par compétences.
7

Développez le co-enseignement et l'interdisciplinarité

La mise en place des E.P.I. vous donne l’opportunité de mettre en œuvre l’interdisciplinarité. On apprend souvent en imitant. Donnez donc l’exemple et montrez aux élèves que vous savez aussi coopérer avec vos pairs.
8

Organisez des temps de remédiation et de tutorat entre pairs

La dernière étape d’un apprentissage est la reformulation. Elle seule permet l’appropriation du savoir. N’avez-vous pas eu l’impression de consolider vos apprentissages en enseignant ? Demander à un élève d’aider un autre en lui réexpliquant le cours est un bon moyen de faire progresser tous vos élèves. Par ailleurs, utilisez des fichiers auto-correctifs pour individualiser ou différencier les parcours et la remédiation.
9

Faites entrer l'élève dans une démarche réflexive vis-à-vis de son apprentissage

L’élève doit être acteur de son apprentissage. Demandez-lui en fin de séquence de faire son bilan : qu’a-t-il appris ? qu’a-t-il négligé ? quels objectifs peut-il se fixer pour la séquence suivante ?
De même, pourquoi ne pas prévoir un emplacement sur le bulletin trimestriel où figurerait le bilan que l’élève tire de son travail ? Ce bilan serait écrit par l’élève lui-même suite à son entretien avec le professeur référent.
10

Invitez les parents à participer

Les parents ont un rôle primordial dans la réussite scolaire de leurs enfants. Invitez-les à participer. Certains se sentent démunis face aux difficultés de leurs enfants. Ils seront ravis d’apprendre à les aider. L’aide aux devoirs peut être une bonne occasion.

Mathieu

Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.