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Les premiers cours de l’année sont à peine passés et déjà les élèves se sentent plus à l’aise en classe. Ils testent les limites et les bavardages s’installent. Comme vous ne voulez pas être débordé, vous vous confiez en salle des profs… Et là, vous entendez parler du remède miracle : le plan de classe ! Avec ça, vos collègues vous l’assurent, vos élèves ne seront plus tentés de discuter pendant votre cours. Fini l’épuisant bruit de fond ! Et même s’il existe d’autres manières d’asseoir votre autorité, pourquoi ne pas essayer ? Mais comment placer les élèves de manière efficace au collège ? Comment constituer les binômes ou les îlots ?

1. Le plan de classe d’urgence

C’est le plan de classe le plus rapide à mettre en place. Vous pouvez l’utiliser dès la rentrée, sans même connaître vos élèves. Il s’appuie sur l’ordre alphabétique et parfois l’alternance fille-garçon.

Faites entrer les élèves en les appelant un à un. Ils doivent s’asseoir à côté de celui qui les précède. Si vous voulez ajouter l’alternance fille-garçon, demandez aux garçons de s’asseoir derrière le garçon précédent et idem pour les filles.

Autant dire tout de suite qu’un tel plan de classe ne peut être que temporaire.

  • Des bavardages peuvent tout à fait s’installer entre une fille et un garçon… On est tout de même au XXIe siècle !
  • L’ordre alphabétique fait parfois mal les choses.
  • Ce plan ne tient pas compte des contraintes liées aux aménagements nécessaires à certains élèves.

2. Répartir les « bons élèves » ?

Quand on décide de placer ses élèves, il faut constituer des binômes ou des groupes si vous travaillez en îlots. Plusieurs questions se posent alors et on peut vite s’arracher les cheveux devant sa feuille ! On essaie de s’appuyer sur les élèves les plus performants. On se dit qu’ils ne seront pas tentés de discuter avec les perturbateurs et qu’ils aideront les élèves qui ont des difficultés. Mais on s’aperçoit vite qu’ils ne sont pas suffisamment nombreux !

De plus, il faut se méfier de cette stratégie qui stigmatise les élèves en « bons » et « mauvais ». Non seulement, cela fige la représentation que nous avons d’eux mais en plus eux-mêmes intègrent et s’approprient ce classement. Les « bons » se mettent plus de pression pour ne pas nous décevoir, les « mauvais » jouent inconsciemment le rôle que nous leur avons attribué.

Il faut aussi prendre en compte que certains élèves qui réussissent en classe viennent d’eux-mêmes en aide à des élèves plus fragiles. Cependant, quand ils assument ce rôle dans tous les cours, cela les fatigue et ils finissent parfois par demander du répit en cours d’année. Cela nous montre que nous avons tendance à sous-estimer le poids que nous leur faisons porter.

Et puis, pourquoi séparer des élèves studieux et silencieux ? Cet élève agité ne risque-t-il pas de déranger un voisin plus sérieux ? Est-ce que ces deux-là vont s’entendre pour travailler alors qu’ils n’ont pas l’air d’être amis ?

Bien sûr, il nous arrive de devoir travailler avec des collègues qu’on apprécie peu. Mais, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous devons avouer que nous sommes plus productifs et créatifs lorsque nous coopérons avec des gens que nous aimons fréquenter.

3. Le sociogramme pour faire un plan de classe

Un sociogramme est une matérialisation des relations sociales au sein de la classe. C’est un outil que nous pouvons utiliser pour constituer des binômes ou des groupes en évitant d’associer des élèves qui ne veulent absolument pas travailler ensemble.

Ainsi, lorsque je dois élaborer un plan de classe, je demande aux élèves d’inscrire sur un papier :

  • les noms de deux élèves avec lesquels ils aimeraient travailler
  • et ceux de deux élèves avec lesquels ils ne veulent surtout pas travailler.

Je constitue ensuite mon plan de travail en veillant à ne pas associer ceux qui ne veulent pas être ensemble. Si je constitue des groupes, j’essaie en plus de faire en sorte que chaque élève ait à son îlot au moins un autre élève avec lequel il voulait travailler.

Le sociogramme est par ailleurs utile pour les professeurs principaux. En effet, il peut permettre de comprendre l’organisation d’une classe où règnent de mauvaises relations entre les élèves. Par exemple, je me suis aperçu l’année dernière, dans une classe difficile, que les quelques élèves qui perturbaient le cours étaient bien moins populaires que la classe ne le laissait paraître.

Le sociogramme met aussi en évidence l’existence éventuelle de clans hermétiques ou d’élèves rejetés. Cela peut donc attirer votre attention sur une situation problématique en ce qui concerne le vivre ensemble.

4. Où placer les élèves dans la classe ?

Constituer des binômes ne suffit pas : il faut aussi leur attribuer une table !

Il vous faudra donc tenir compte de plusieurs paramètres.

Certains élèves bénéficient d’aménagements qui nécessitent que vous les placiez devant, pour mieux voir le tableau.

On est également tenté de mettre devant les élèves les plus perturbateurs. On se dit qu’on pourra mieux les surveiller en les ayant près du bureau et du tableau. Ce n’est pourtant pas tout à fait exact car notre regard se pose en réalité plus souvent sur le milieu de la classe. C’est donc là qu’on devrait placer les perturbateurs.

Les tutorats entre pairs sont très utiles mais génèrent des discussions entre élèves… Difficile de s’entraider en silence ! Or, ces échanges entre élèves peuvent parasiter le son de votre propre voix et gêner les autres. On pourra donc placer ces binômes soit à l’arrière de la classe soit sur une rangée latérale.

Mathieu

Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.