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Pour que les élèves progressent, il est important qu’ils se sentent en sécurité et élargissent peu à peu leur zone de confort par l’acquisition progressive de nouvelles compétences. La ritualisation des activités pédagogiques et la répétition d’exercices similaires, comme la lecture analytique par exemple, sont donc essentielles. Cependant, on peut parfois sentir une certaine lassitude chez nos élèves. Avez-vous le sentiment que votre classe a besoin d’un nouvel élan ? C’est sans doute le bon moment pour casser le ronronnement quotidien grâce à la pédagogie de projet. Cette méthode active d’enseignement permet de proposer pour une durée déterminée de nouvelles modalités de travail dans la classe. Elle offre un espace de respiration aux élèves les moins scolaires et permet à chacun d’exprimer sa créativité. En outre, comme elle s’appuie sur la collaboration et la réalisation d’une tâche complexe, elle permet aux élèves de s’impliquer dans un groupe en valorisant leurs propres capacités. Enfin, la pédagogie de projet conduit l’enseignant à changer de posture en quittant la position centrale. Il devient conseiller plus que maître et une nouvelle relation professeur-élèves se construit. Mais quel projet mettre en place ? Voici 6 idées de projets pédagogiques qui s’adaptent facilement à différentes séquences du programme de français au collège.

1. L’écriture collective

De nombreuses séquences se prêtent à un projet d’écriture longue et collective. On peut faire écrire aux élèves un conte ou une nouvelle bien sûr. Mais la constitution d’un recueil de poèmes est également une bonne occasion. Il suffit de donner un thème aux élèves, l’amitié ou le voyage par exemple. Ils rédigent ensuite des poèmes qu’on compilera avant de les photocopier pour que chacun garde son exemplaire.

Travailler l’expression écrite

Il s’agit d’impliquer les élèves dans un véritable projet éditorial et c’est l’occasion de travailler l’expression écrite en classe. En effet, par manque de temps, on la délaisse souvent et on se contente de l’évaluer quelquefois dans l’année. Pourtant, cet exercice est périlleux pour nos élèves qui sont de plus en plus nombreux à éprouver des difficultés dans le maniement de la langue.

Un projet d’écriture longue est donc l’occasion de consacrer du temps à l’apprentissage de l’expression écrite. De l’élaboration du brouillon à la mise en page avec un traitement de texte, les compétences mobilisées seront variées.

Il s’agira d’abord de réfléchir aux caractéristiques génériques du texte à produire. Les élèves devront donc réinvestir le travail mené en lecture analytique. L’élaboration du brouillon sera l’occasion pour eux d’échanger avec vous et de valider, ou rectifier, leurs connaissances.

Une fois le premier jet réalisé, on invitera les élèves à se faire relire par les autres pour améliorer l’orthographe, soigner la syntaxe et enrichir le récit. Le fait d’avoir du temps permettra plusieurs relectures successives à tête reposée. Trop souvent, on ne voit pas les défauts de ce qu’on a produit quand on n’a pas le temps de prendre du recul et d’y revenir plus tard.

Utiliser les outils numériques

Enfin, la saisie numérique du texte permettra d’appréhender les principaux outils d’un logiciel de traitement de texte. On ne se contentera pas de faire saisir le texte rédigé à la main. En effet, on peut demander aux élèves de préparer une première de couverture. Ainsi, on pourra aussi les sensibiliser à la recherche d’images libres de droits sur le web. Il est également possible de leur présenter différents navigateurs et moteurs de recherche. Il sera d’ailleurs sans doute nécessaire de les faire réfléchir à la différence entre les deux. Vous tenez là une bonne occasion d’enseigner le numérique !

Publier un livre à choix multiples

On peut aller encore plus loin. Avec des élèves de troisième, nous avons travaillé sur Le portefeuille, un court-métrage d’animation réalisé par Vincent Bierrewaerts en 2003. La technique de la surimpression permet la présentation simultanée de différents choix narratifs. Mes élèves ont d’abord décortiqué les différents scénarios qu’ils ont schématisés sous la forme d’une carte mentale.

Chaque élève a ensuite écrit une étape du récit et nous avons organisé leurs textes sous la forme d’un livre interactif où le lecteur doit choisir la suite du récit en décidant des actions du personnage principal.

Dans un second temps, mon collègue d’arts plastiques, qui enseigne aussi au lycée, a demandé à ces élèves de seconde qui suivaient l’enseignement d’exploration « arts visuels » d’illustrer ces textes. Bien sûr, ils n’ont vu le court-métrage qu’après la réalisation de ce projet.

Une rencontre a été organisée entre nos deux classes pour que les élèves puissent échanger et sélectionner ensemble les illustrations.

Enfin, nous avons fait éditer quelques exemplaires de ce livre que les élèves ont pu conserver et qui a également trouvé sa place au CDI.

2. Organiser une lecture publique

Lorsqu’on envisage le travail de l’oral, on pense souvent à l’inscrire dans le cadre des séquences liées au genre théâtral. Pourtant, d’autres types de textes peuvent se prêter à l’oralisation : poèmes, fables, contes, épopées, journaux intimes, lettres…

Les aèdes, les troubadours, les salons, le Cénacle… La lecture orale s’inscrit dans une longue tradition…

Et si vous envisagiez de sensibiliser les élèves à la littérature orale ? La lecture à voix haute peut déclencher un véritable plaisir chez l’auditeur. De nombreuses médiathèques proposent d’ailleurs des « heures du conte » aux enfants. Mais les adultes ne sont pas en reste et beaucoup se laissent embarqués en entendant les voix de Fabrice Luchini ou de Guillaume Gallienne.

Il s’agira de préparer les élèves à lire un texte en respectant la ponctuation, les liaisons et en mettant le ton. On réfléchira dans le cadre d’une lecture analytique aux différentes émotions que peut procurer un texte. On cherchera les intentions de l’auteur et on tentera de les transmettre par la voix.

Le projet s’achèvera avec une lecture publique. Les élèves peuvent intervenir dans les classes de vos collègues… Par exemple, vous pouvez constituer des binômes qui feront irruption dans chaque classe du collège à la même heure pour lire leurs textes. Il faudra garder cet événement secret, seuls vos collègues doivent être avisés à l’avance pour ne pas déranger une classe qui serait en évaluation. Les autres élèves du collège seront ainsi surpris par cette initiative. De plus, l’idée de préparer un projet secret séduira certainement vos élèves !

Vous pouvez aussi envisager d’organiser une lecture en dehors des murs du collège : dans une médiathèque, dans une école primaire ou même dans une maison de retraite !

3. Enregistrer un podcast

Après la vidéo, c’est maintenant l’oral qui est à la mode dans le monde du web. Les podcasts ont le vent en poupe et vous pouvez en profiter. Vous pourrez par exemple les publier au fur et à mesure de l’année sur le site web de votre établissement. Là encore, vous pourrez travailler l’oral avec vos élèves en utilisant différents supports : exposés, chroniques ou lectures…

Les textes oralisés pourront donc être poétiques, narratifs, explicatifs et même argumentatifs !

Les élèves peuvent s’enregistrer en classe ou chez eux avec un smartphone. Cette lecture orale présente l’avantage d’être différée. Les élèves ont donc la possibilité de recommencer pour améliorer leur prestation en corrigeant les imperfections.

Par ailleurs, ce projet sera l’occasion pour les élèves de réfléchir aux différences de langages entre l’écrit et l’oral, en ajoutant la dimension de l’écrit oralisé.

Si vous avez besoin d’effectuer un montage, le logiciel libre Audacity vous rendra service facilement.

4. L’interview fictive

Ce projet permet de mêler écrit et oral. Il s’agit d’inviter les élèves à créer une interview fictive d’un auteur ou d’un personnage. C’est un moyen original de rendre compte d’un travail de recherche ou de la compréhension d’une œuvre intégrale. Ainsi, on peut imaginer des interviews de Phileas Fogg et Passepartout, d’Ulysse, de La Fontaine, etc.

Dans un premier temps, les élèves conçoivent les questions et les réponses en les rédigeant. Ils s’entraînent ensuite à oraliser leurs textes.

Enfin, la présentation finale peut prendre différentes formes : jeu théâtral, podcast, simple lecture, publication écrite…

5. Créer la Une d’un journal

Particulièrement pertinent en classe de quatrième, ce projet peut être mis en place avec les élèves d’un autre niveau. On pourra d’ailleurs profiter de la semaine de la presse pour proposer ce projet aux élèves en collaboration avec le collègue documentaliste.

Après avoir étudié la une d’un journal pour en dégager les caractéristiques, on propose aux élèves d’en créer une « comme s’ils étaient à l’époque de »… Par exemple, la une d’un journal à l’époque de Molière ou de Zola, la une du journal des héros de l’antiquité…

Les élèves répartis en groupes doivent élaborer leur une en intégrant différents éléments prédéfinis : un article culturel, un autre historique, un fait divers inspiré d’une œuvre étudiée en classe, une publicité, la météo, un jeu de mots croisés…

Ce projet autorise l’humour et la créativité. Aussi, il est particulièrement apprécié par les élèves !

6. Organiser une exposition

Différents travaux menés en classe peuvent donner lieu à une exposition dans votre collège. Vous pouvez exploiter plusieurs espaces : les couloirs, la file d’attente du self, le CDI, le hall de l’établissement…

Par exemple, vous pouvez demander aux élèves d’illustrer des poèmes ou des fables. De même, dans le cadre des lectures cursives, on peut les inviter à concevoir une première de couverture pour différents romans en lien avec le programme de l’année. Leur objectif sera de donner envie aux autres élèves de lire ce roman.

On peut aussi envisager l’exposition d’affiches comme l’aboutissement d’un véritable travail mené autour de la recherche documentaire. Il s’agit d’une tâche complexe particulièrement riche d’apprentissages pour les élèves. J’y ai d’ailleurs consacré un article que je vous invite à redécouvrir.

Souvent, les exposés des élèves donnent lieu à des oraux qui s’appuient sur des diaporamas. Or, la création d’une affiche sur un support papier permettra aux élèves de travailler d’autres compétences : synthétiser et hiérarchiser l’information, la mettre en valeur de manière esthétique, organiser et gérer un espace contraint, faire preuve de rigueur et de minutie pour produire un travail soigné…

Mathieu

Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.