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Il est certain qu’il est préférable de varier les supports et les activités pour motiver ses élèves au collège. Toutefois, la répétition et la progression spiralaire permettent d’ancrer durablement les apprentissages. De plus, l’instauration de rituels dans votre cours de français offre aux élèves un contexte de travail familier et sécurisant. Ils finissent par connaître le fonctionnement de l’activité et vos attentes. Ils peuvent donc se concentrer uniquement sur la tâche à accomplir. C’est aussi l’occasion pour eux de construire des repères et des réflexes méthodologiques.

Mais quels rituels mettre en place ? Tout dépend de vos objectifs pédagogiques et de ce dont vos élèves ont besoin. D’années en années, j’ai vu mes rituels de classe muter, évoluer, disparaître, revenir… Je m’adapte à mes classes et le début d’un trimestre est souvent l’occasion d’opérer des ajustements. Mais pour qu’un rituel fonctionne, il faut se fixer un cap et ne pas dévier sous la pression de la déception ou des critiques. Il est important de laisser le temps opérer. Les élèves ont d’abord besoin de se l’approprier.

1. Apprendre la grammaire pas à pas avec la phrase du jour

Trop souvent, on aborde la grammaire en se focalisant sur une nature ou une fonction. Les élèves apprennent à l’identifier et à la manipuler, puis ils sont évalués. Ensuite, après plusieurs jours, voire plusieurs semaines, qu’on consacre à d’autres champs de notre discipline, on passe à un autre point de langue. Pour les élèves, les leçons de grammaire s’enchaînent donc sans révéler qu’au sein d’une phrase les fonctions sont liées, idem pour les classes grammaticales.

Il en résulte que des élèves qui obtiennent de bonnes notes aux évaluations de grammaire n’ont pourtant aucune vue d’ensemble de la construction grammaticale d’une phrase. D’ailleurs, conscients du grand zapping de nos progressions annuelles, ils s’empressent d’oublier ce qu’ils viennent d’apprendre et qui, le pense-t-il, ne leur servira plus avant l’année suivante.

J’ai donc entrepris de mettre en place une pratique quasi quotidienne de la grammaire. A chaque début de séance, j’inscris au tableau une phrase que les élèves recopient sur une feuille dédiée à ce rituel. Ils ont ensuite environ cinq minutes pour l’analyser : c’est-à-dire indiquer au-dessus de chaque mot sa classe grammaticale et en-dessous les fonctions des divers groupes de mots. Pour gagner du temps lors de la correction, j’envoie un élève au tableau effectuer l’exercice. L’idéal est donc d’avoir un tableau triptyque et d’utiliser l’envers d’un volet latéral.

Ce rituel de début d’heure présente l’avantage de libérer du temps pour l’enseignant. J’en profite donc pour faire l’appel et régler d’éventuels problèmes administratifs. En entrant en classe, les élèves savent ce qu’ils ont à faire et ils se mettent au travail aussitôt. Cela permet donc de consolider sa gestion de classe.

Je ne choisis pas au hasard les phrases que je donne mais elles suivent une progression précise. Toutes les cinq phrases, donc chaque semaine environ, j’ajoute une nouvelle nature et une fonction grammaticale liée. Par exemple, l’adjectif qualificatif est l’occasion de découvrir les épithètes et les attributs du sujet, les prépositions introduisent également le COI et le complément du nom… Le premier jour, les élèves essaient d’identifier ce qui est nouveau. Nous en parlons ensuite en effectuant un rappel grammatical. Les jours suivants, ils s’habituent à l’identifier.

2. Du texte libre à l’atelier d’écriture

Trop souvent, on envisage l’expression écrite uniquement sous la forme d’exercices brefs ou d’une évaluation pour les textes plus longs. Or, comme la correction des travaux d’écriture est particulièrement chronophage, nous n’effectuons pas cette activité aussi souvent que nécessaire. En effet, nous sommes nombreux à constater et déplorer les difficultés que les élèves rencontrent avec le maniement de la langue écrite.

J’ai donc entrepris de proposer aux élèves d’écrire pendant une heure, ou presque, tous les quinze jours. On peut envisager de commencer en proposant aux élèves d’écrire des textes libres. Mais il est également possible d’imposer une contrainte d’écriture ou un thème. Par exemple, je demande aux élèves de me soumettre des sujets que je sélectionne ensuite et reformule. Je leur donne le sujet choisi deux jours avant. Ils ont donc le temps d’y réfléchir.

Pendant la première partie de la séance d’écriture, ils rédigent leur texte. Je me tiens à leur disposition pour les aider à élaborer leur plan, à corriger leur orthographe ou leur syntaxe. À la fin de l’heure, quelques élèves lisent leurs textes aux autres. Nous les commentons en essayant de proposer des améliorations ou des critiques constructives.

3. Apprendre à apprendre avec les questions de cours

Beaucoup d’élèves n’ont pas les bons réflexes pour apprendre leurs cours et certains ne les relisent jamais avant que je n’annonce les évaluations.

Au début de chaque séquence pédagogique, je leur demande donc de préparer une fiche intitulée « questions de cours ». Le principe est simple : à la fin de chaque séance, les élèves doivent préparer deux questions qui portent sur le cours. Ils devront ensuite les poser à leurs camarades au début de la séance suivante. Il est également possible d’interroger les autres élèves sur les cours de toutes les séances précédentes.

Cet exercice oblige les élèves à s’investir dans l’apprentissage de leur cours. Ils ne peuvent pas se contenter d’une lecture passive de leur trace écrite. Par ailleurs, cela permet de réviser rapidement à chaque séance. Il arrive, dans certaines classes, que les élèves soient très volontaires pour poser leurs questions mais moins pour répondre à celles des autres. On peut y remédier facilement en désignant soi-même l’élève qui répondra à la question.

Enfin, cette activité a le mérite de faire construire aux élèves une fiche dont ils pourront se servir lors de leurs révisions avant les évaluations. En effet, pour savoir s’ils maîtrisent leur cours, ils pourront se poser à eux-mêmes les questions qu’ils avaient préparées.

Mathieu

Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.