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La lecture analytique est une méthode de travail inductive. Elle est toujours collective et se nourrit de la coopération. Il s’agit de confronter la classe à un texte. A partir des impressions de lecture des élèves, le professeur met en place des activités pour confirmer les hypothèses d’interprétations formulées. C’est la méthode d’analyse littéraire qui est privilégiée au collège. En outre, elle constitue une excellente préparation au commentaire littéraire qui sera enseigné au lycée.

Quelles sont les différentes étapes d’une lecture analytique fluide ? Comment rendre l’exercice naturel et lui donner du sens ?

1. Recueillez les impressions de lecture

La lecture analytique repose sur le recueil des impressions de lecture. L’ensemble de votre séance se construira autour des discussions suscitées par le texte au cours des premières minutes.

Commencez donc par lire le texte à haute voix afin de vous assurer que tous les élèves puissent accéder au sens premier et aider ainsi les élèves dyslexiques, pour lesquels la compréhension peut difficilement être simultanée au déchiffrage.

Vous pouvez ensuite vous contenter de poser une question très ouverte et vague : qu’avez-vous pensé de ce texte ? Ou bien, que se passe-t-il dans ce récit ?

Il est également possible d’orienter la discussion sur un aspect particulier du texte : que pensez-vous du personnage principal ? Quel est le thème de ce texte ? Pourquoi ce texte est-il surprenant ?

Au cours de cette première phase du cours, qui doit durer environ 5 minutes, effacez-vous autant que possible. Vous devez éviter d’intervenir pour ne pas influencer la lecture de la classe. Cela vous permettra d’évaluer le niveau de compréhension du texte. L’idéal est que des contradictions ou des interprétations divergentes émergent. En début d’année, vous pouvez inviter les élèves, lorsqu’ils sont en désaccord, à s’adresser les uns aux autres plutôt qu’à vous. Ainsi, vous favoriserez la naissance d’une coopération dans votre classe.

2. Encouragez tous les élèves à participer et s’investir

Dans certaines classes, peu d’élèves sont actifs à l’oral et sont, de surcroît, de bons lecteurs. Ils risquent de livrer dès le départ les clés de lecture du texte. Les autres élèves les sachant en réussite scolaire n’oseront pas les contredire et resteront inhibés. Or, la lecture analytique a plus de force quand elle s’appuie sur des avis divergents. On peut décider de ne pas donner la parole aux bons lecteurs au cours des premières minutes mais cette censure peut s’avérer très frustrante pour eux si elle est systématique.

Vous pouvez donc mettre en place un dispositif pédagogique. Par exemple, demandez aux élèves de noter sur une feuille, de manière anonyme ou non, ce que le texte leur inspire ou ce qu’ils ont remarqué. Ils mettront ensuite leurs papiers dans une boîte. Tirez ensuite au hasard quelques billets que vous lirez à haute voix. Vous pourrez noter au tableau ces impressions de lecture si elles présentent un intérêt.

3. Mettez les élèves en activité

Au cours de cette première phase, les élèves ont exprimé des hypothèses de lecture. Souvent ils seront unanimes, parfois ils formuleront des interprétations opposées. Pour une séance de lecture analytique réussie, vous ne devez pour l’instant pas montrer vos préférences. Traitez chaque proposition de manière égale.

La deuxième phase peut alors commencer. Il s’agit de mettre les élèves en activité.

Pour motiver vos élèves, annoncez-leur qu’ils vont maintenant devoir justifier ou invalider les hypothèses formulées et notées au tableau. Lancez des activités que vous aurez préalablement préparées en vous appuyant sur les questions proposées par les manuels. Vous pouvez alors à nouveau faire vivre la coopération en invitant les élèves à travailler en groupe.

Les activités doivent être variées pour éviter de lasser les élèves. Demandez-leur de créer une carte heuristique, de remplir des tableaux qui permettent de comparer des personnages entre eux ou les défauts et qualités d’un même personnage, de rédiger des réponses à des questions précises, de réécrire un passage du texte pour mieux faire sentir les effets produits par les choix narratifs effectués par l’auteur, de relever des adjectifs, des expressions ou bien encore des figures de style.

Au fur et à mesure, vous pouvez éliminer les hypothèses qui ont été invalidées en les effaçant du tableau ou en les rayant. C’est un bon moyen de redonner du sens aux activités car certains élèves perdront de vue leur objectif premier.

4. Créez une situation problème

Vous pouvez aussi choisir de brouiller la compréhension du texte en supprimant certains mots-clés ou passages importants, le début ou la fin notamment. Les élèves sont alors invités à découvrir ce qui a été caché.

Ils doivent se transformer en enquêteur et chercher des indices dans le reste du texte. Ce travail conduit à une lecture analytique fine. Les élèves devront décrypter l’implicite.

Organisez ensuite un débat littéraire en invitant les élèves à proposer leurs hypothèses et à justifier leurs propos. Ils devront ainsi argumenter pour convaincre leurs camarades de classe.

5. Apportez de nouvelles connaissances littéraires

A la fin du cours, proposez un bilan aux élèves. Vous pouvez le construire avec eux ou le préparer à l’avance.

Veillez toutefois à l’enrichir en introduisant de nouvelles connaissances littéraires. C’est le moment d’apporter du vocabulaire et de mettre des mots savants sur des concepts qui ont été approchés par les élèves pendant la séance.

Si vous avez bien mené votre séance de lecture analytique, vous aurez peu parlé jusque là. Vous aurez quitté la posture magistrale, celle qui impose ce dont on ne ressent pas le besoin. Au contraire, vos apports apparaîtront comme ceux d’un expert, un spécialiste qui permet à l’apprenant d’avancer et de grandir en mettant des mots sur ce qu’il a pu expérimenter. Ainsi, vous ferez autorité.

6. Travaillez la lecture orale

A présent que vos élèves ont éclairci le sens du texte et que sa compréhension n’est plus un problème, vous pouvez travailler la lecture orale.

Demandez aux élèves de lire en mettant le ton. Montrez-leur qu’ils peuvent utiliser leur voix pour faire vivre leur interprétation du récit, traduire le caractère d’un personnage ou ménager le suspense…

Mathieu

Après avoir été professeur de lettres classiques pendant 11 ans, je suis devenu auteur de livres numériques en auto-édition. Par ailleurs, je publie sur ce blog des articles en lien avec l’histoire littéraire et la didactique des lettres.